Kiara (24) trouve du soutien et de la connexion

Parfois, des enfants tombent entre les mailles du filet. Une fois jeunes adultes vulnérables, ils ont besoin d’une attention particulière. Ainsi, Kiara (24 ans), victime d’abus pendant son enfance, a connu des problèmes psychologiques et grandi dans des établissements de soins. À l’association locale Open Plaats, affiliée aux Banques Alimentaires, elle trouve non seulement de quoi manger, mais aussi un lien, le soutien et de la reconnaissance au sein d’un lieu chaleureux.

« J’ai vécu une jeunesse très perturbante. J’ai projeté ce qu’il m’est arrivé sur moi-même. Je pensais que c’était de ma faute et que je l’avais bien cherché, et je voulais me punir pour cela, par exemple en cessant de m’alimenter, en m’automutilant ou par des tentatives de suicide. J’ai reçu plusieurs diagnostics psychiatriques au fil des années, ce qui a rendu mon problème extrêmement confus pour moi. » 

Un cercle vicieux

À 18 ans, Kiara a emménagé avec son premier copain dans le quartier de la Brugse Poort : un homme de 20 ans plus âgé, qui représentait pour elle la figure paternelle idéale. Ils ont vécu ensemble 3 ans et eu 2 enfants. Malheureusement, l’homme est devenu toxicomane et violent ; ils se sont donc séparés. Ses enfants ont été placés en famille d’accueil et, pour Kiara, ce fut le début d’un nouveau parcours d’aide psychiatrique. « Me débrouiller seule est incroyablement difficile. De plus, il n’y a personne, dans mon entourage direct, qui pourrait vraiment m’aider. Ma maman a ses propres difficultés – mais nous discutons, et elle fait de son mieux. J’ai aussi la chance d’avoir de bons contacts avec ma sœur, mon médecin généraliste et mon assistant du CPAS. 

Mon fils souffre de TDAH et est autiste. Je ne le vois que le samedi avec ma fille. Pendant les vacances scolaires, ils logent aussi parfois chez moi. Nous construisons notre relation pas à pas ; le chemin est encore long, mais nous progressons tout de même avec leurs parents adoptifs. » 

Du soutien et du lien

Le fait d’avoir bien pu en parler ces dernières années aide peu à peu Kiara à digérer tout ce qui s’est passé et à se sentir mieux et plus en sécurité. Aujourd’hui, elle ne prend presque plus de médicaments, elle a un bon thérapeute et une relation stable. Son budget est géré par une tutelle. 

« Ici, à Open Plaats, je me sens la bienvenue et chez moi. La première fois, j’étais très embarrassée et j’avais honte, mais il y a beaucoup de gens chaleureux ici. Ils me demandent comment je vais et cherchent le contact. Cela fait du bien. Avec certaines personnes, on se rend parfois visite, ou on se retrouve pour un barbecue. J’apprends à être plus sociable, alors que cela m’est en principe très difficile. Les bénévoles m’aident, et je peux même prendre parfois gratuitement rendez-vous avec un psychologue. Enfin, il est très agréable de rentrer chez moi avec de la bonne nourriture saine et des produits d’hygiène pour moi et mes enfants. » 

Se nourrir est un droit humain

« L’aide alimentaire est une nécessité dans ma vie, sans que j’aie jamais souhaité une telle chose. J’essaie de me répéter, comme un mantra, que je ne dois pas culpabiliser pour cela. C’est un besoin, mais aussi un droit, et avoir honte n’aide pas, au contraire. J’espère que les personnes en situation de pauvreté parviendront à franchir ce cap et faire confiance aux bénévoles qui sont à leur disposition dans les points de distribution. Recherchez la compagnie de personnes avec lesquelles le courant passe, avec lesquelles vous vous sentez à l’aise, et aidez-vous mutuellement. Votre situation ne pourra s’améliorer qu’avec le bon soutien. »